dimanche 11 octobre 2009

Bo Houss


Je l’ai découvert hier en première partie du concert de Lathéral. On m’avait dit que c’était du rap. On m’avait dit que c’était bon, mais j’avoue que je me méfiais. En fait, je me méfie toujours un peu du rap qui me fatigue vite. En fait je me méfie surtout des micros et des boîtes à rythme(s). J’ai souvent constaté qu’il suffisait de donner un micro à un type un peu énervé pour qu’il en abuse, s’empare de l’étiquette « rappeur » et râpe impitoyablement les oreilles des malheureux qui se trouvent dans un rayon de cinq cents mètres et qui sont trop polis pour lui débrancher son micro.


Ensuite, c’est le côté « épreuve imposée » du rap qui m’a fait fuir le genre. À une époque, tu ne pouvais pas vendre un disque, s’il n’était pas déguisé en rap ou s’il n’y avait pas un morceau de rap dedans. J’ai ainsi entendu d’excellents musiciens venant d’horizons très différents, qui se mettaient d’un coup à tourner sur deux accords avec des bruits bizarres en psalmodiant un texte vaguement revanchard pour coller au cahier des charges de leur maison de disque. C’était pitoyable. Heureusement, cela semble être passé de mode. Peut-être qu’il ne reste plus que de vrais rappeurs, peut-être que c’est le moment d’écouter du rap !


Pour en revenir à Bo Houss et à son groupe 976, c’était super !!! Ils fonctionnent très bien en tant que groupe, si bien que si tu débarques là sans te documenter un peu, tu crois que Bo Houss c’est le nom du groupe. Belle modestie de la part de l’artiste et beau travail d’ensemble.

Au début, le public d’Acoua, qui était venu pour voir Lathéral, était un peu interdit. J’imagine que tout le monde se disait comme moi « mais qu’est-ce que c’est que cette bande d’énergumènes ? » Moitié Men in black, moitié Black mic-mac, ils chantaient dans un style Beach Boys relooké par des Shanana qui se seraient réincarnés en Mahorais culturellement mondialisés. Je ne sais pas si l’image est claire. Toujours est-il qu’ils dansaient avec une drôlerie et une énergie incroyables.


Ce hip hop mahorais entrecoupé de phrases en anglais toulousain a quelque chose de surréaliste et de terriblement festif, très loin du poncif geignard et haineux qui semble prévaloir dans le genre. Un superbe métissage culturel, le génie mahorais de la fête et des danses collectives allié à la spontanéité déjantée de cultures urbaines qui auraient retrouvé le sourire.

C’est très communicatif, si bien que le public s'est mis à glisser dans cet univers délirant dont Bo Houss ouvrait grandes les portes. Cela s’est terminé en joyeuse fiesta autant sur scène que dans le public. Terminé trop tôt, bien sûr.

Pour voir un extrait du tout début de leur spectacle qui est allé crescendo, il faut cliquer ici. Pour aller sur le site officiel de Bo Houss, c'est ici. On trouve d'autres vidéos sur Youtube.

5 commentaires:

  1. Oups ! Ca fait plus d'un mois! Et je n'ai pas encore répondu. Merci d'apprécier et de le dire. Ca me fait plaisir.

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  2. digi sisi represente 976 en force mec
    viver le rap maore

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  3. En lisant les premières lignes, j'ai tout de suite compris que c'était un connaisseur qui a écrit. Tu as écrit un trés bon article et je tenais a te feliciter. De la ou je suis c'est difficile d'avoir accés au net d'ou ce retard. en tout cas merci.

    Cordialement. Bo houss

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  4. Content que tu aies apprécié mon article, mais c'est moi qui te félicite pour ta musique et pour la façon que tu as de puiser dans nos deux cultures pour en faire surgir ces images et ces sons étonnants. Ce matin, je lisais dans Tounda ton interview au sujet de ton nouvel album, Shimaore tu,il me tarde de l'entendre et de lire tes textes dans les deux langues. Je te souhaite beaucoup de succès.

    Patrice

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