mercredi 29 juillet 2009

Bande dessinée

Droit du sol, Charles Masson

C’est beau les vacances. Je le dis toujours, c’est le plus beau mot de la langue française. On pourra objecter qu’il y a des mots plus tendres comme « amour » par exemple, mais je constate que sans les vacances, l’amour, comme tout le reste, finit par sentir le renfermé. Il y a également, c’est vrai, des mots plus sublimes comme « liberté ». Je suis bien d’accord, c’est justement pour cela que j’aime les vacances. J’aime la liberté. J’aime aussi l’égalité et la fraternité, mais il paraît que c’est passé de mode. Surtout la fraternité, ça fait vieillot.

En tâchant donc de ne pas avoir l’air trop fraternel, j’ai profité de mes vacances pour aller à la Maison des Livres m’acheter la bédé que j’avais évoquée il y a quelque temps en vous disant que je ne l’avais pas encore lue. C’est un autre bon côté des vacances, ça : Avoir le temps de s’acheter des bouquins avec l’argent qu’on a gagné en travaillant. Avoir aussi le temps de les lire, et de les relire s’ils s’avèrent aussi bons que cette bédé que je viens d’acheter.


Cela s’appelle Droit du sol (Éditions Casterman). C’est écrit et dessiné par Charles Masson qui trouve dans son expérience professionnelle de médecin la matière de ses histoires. C’est en noir et blanc. Ça fait 435 pages dans un format curieux, du genre gros bouquin.

Le scénario est intelligemment construit autour de plusieurs histoires qui s’entrecroisent, les personnages principaux des unes étant les figurants des autres. Le lien qui fait tenir le tout ensemble, c’est cette île de Mayotte sur laquelle se cristallisent les phantasmes de toute une faune bigarrée. Les uns viennent en avion, souvent pour reconstruire leur vie, toujours avec leurs cartes de crédit. On les accueille avec des colliers de fleurs. Les autres viennent en barques surchargées, de nuit pour ne pas se faire prendre, on les accuse de tous les maux. C’est bien observé et bien dessiné, si bien qu’à chaque fois que je sors, je croise dans la rue des personnages de l’histoire. C’est un témoignage révolté qui n’est pas manichéen pour deux sous, c’est assez remarquable pour être signalé.

On sent cependant que l’auteur est attaché à des valeurs vieillottes comme l’égalité et la fraternité. Si on aime ce genre de vieilles choses, on est servi. Si l’on n’aime pas, j’imagine qu’on doit grincer des dents.

dimanche 26 juillet 2009

Instruments de musique mahorais



Je viens de mettre en ligne mon dossier intitulé Les instruments des musiques traditionnelles mahoraises. Vous pouvez le télécharger en cliquant ici. C'est un fichier pdf de 3 Mo. Cela devrait vous prendre deux secondes en métropole et environ onze minutes à Mayotte, si tout se passe bien.

Janvier 2009. Le dossier pdf existe toujours, mais il m'a servi de base à l'élaboration d'un site web dédié aux instruments mahorais. Le site propose de nombreux liens vers des vidéos sur You Tube. Pour voir ça, il faut cliquer ici.

mercredi 22 juillet 2009

Les alizés


On trouve par endroits à Mayotte, le long des rivières, de grands palmiers raphia. Le raphia est un vigoureux palmier, particulièrement touffu. De tous les palmiers, c’est lui qui porte les plus grandes palmes. Mises à plat, ces palmes atteignent quatre mètres de largeur et plus d’une dizaine de mètres de longueur. C’est avec ces palmes que l’on fabrique la fibre végétale vendue dans les magasins de bricolage. Elles tirent sur le brun, ont un aspect assez sec et bruissent facilement au moindre souffle d’air.



Je voulais filmer le vent dans les palmes des raphias qui poussent juste devant notre nouvelle maison le long d’un petit ruisseau où des femmes lavent leur linge et où des enfants s’amusent toute la journée en poussant des cris joyeux. Avec des matériaux de récupération, ils se fabriquent des sortes de radeaux qui les enthousiasment au plus haut point. En fait d’enfants, ce ne sont que les garçons. Les filles, elles, aident leurs mères à laver le linge.

Finalement, je n’ai rien pu filmer d’intéressant. Soit le vent n’était pas là, soit un chien aboyait ou une mobylette pétaradait couvrant le bruissement délicat des palmes. Ou alors j’avais dans le champ de la caméra les lavandières que je ne voulais pas inquiéter ou les petits garçons qui batifolaient entièrement nus. Comme je ne tiens pas à passer pour le satyre du quartier, j’ai pris ces quelques photos quand il n’y avait personne à la rivière. À vous d’imaginer le bruissement des palmes.



J’avais tout de même envie de filmer le vent. En ce moment c’est la période des alizés. J’ai lu ici ou là que c’étaient des vents réguliers qui soufflaient toute l’année. Je veux bien, mais alors ils vont souffler ailleurs car en dehors de juin et juillet, il n’y a pas beaucoup de vent ici et le lagon est souvent aussi calme qu’un lac. En décembre ou en janvier, pendant la saison des cyclones sur Madagascar ou sur la Réunion, nous avons eu quelques coups de vent brouillons et tempétueux qui n’avaient rien à voir avec un vent régulier.

Je voulais donc filmer les alizés. J’ai pris ma caméra et nous sommes partis pour la plage de Tanaraki où nous aimions aller quand nous habitions à Dzoumogné. Je comptais faire ainsi un beau coup double en filmant des vagues (petites) et le Choungui dans le lointain. Un petit clic ici et vous pourrez entendre l’Océan Indien.

mardi 21 juillet 2009

Le Choungui

Au pied du mont Choungui, côté Sud

Cela fait déjà quinze jours que je suis en vacances et pas le moindre nouveau petit message sur ce blog. Quelle pitié !

J’ai été très occupé par notre déménagement, cartons et formalités diverses. J’ai pris aussi le temps de poursuivre la lecture du monumental ouvrage de Jean Martin : Comores : quatre îles entre pirates et planteurs dont j’ai déjà parlé à propos des cauris. J’en suis aux désillusions qui ont suivi l’acquisition de Mayotte par la France. Les promoteurs de la colonisation avaient parlé d’un futur port franc rayonnant dans l’Océan Indien, comparable à Gibraltar, Malte, Hong-Kong ou Singapour…

En ce moment c’est la saison des Alizés. Je voulais filmer pour vous le bruissement du vent dans les palmiers raphia. Ce sera pour une autre fois. Bientôt, j’espère.

Aujourd’hui, je vous parlerai du Choungui. Avec ses 594 m, ce n’est pas la plus haute montagne de l’île qui culmine à 660 m, mais c’est de loin la plus pentue. Ce Choungui avec ses pentes raides, nous le voyions souvent de très loin en nous disant qu’il faudrait bien un jour y monter pour voir l’île d’en haut. Nous nous disions également que nous avions bien le temps et que les occasions ne manqueraient certainement pas. En effet, elles n’ont pas manqué, mais nous éludions adroitement, prétextant à juste titre que nous préférions attendre qu’il fasse moins chaud. Nous avons réussi à tenir ainsi près d’un an.

Avec nos visiteurs à la maison, plus moyen de se défiler. Ils avaient parcouru 9500 km pour venir passer quelques semaines à Mayotte. Quand ils ont vu le Choungui à l’horizon, l’affaire était réglée. Il fallait grimper là-haut.



Le chemin qui mène au sommet est très simple. Il n’offre aucune possibilité de se perdre. Après quelques centaines de mètres à travers un sous-bois agréable, on arrive au pied de la grimpette. À partir de là, c’est tout droit. Il n’y a plus qu’à crapahuter en s’accrochant comme on peut aux racines des arbres, solides et nombreuses, qui courent le long des rochers. C’est plus de l’escalade que de la randonnée. De l’escalade facile mais facilement épuisante. Tellement épuisante que j’ai donné pour consigne à nos visiteurs de raconter partout que l’excursion au Choungui n’était d’aucun intérêt. C’était un redoutable casse-pattes qui ne conduisait qu’à une plateforme exiguë entourée d’une broussaille épineuse si dense qu’elle ne permettait pas de voir le paysage. J’espérais ainsi dissuader d’éventuels autres visiteurs de me traîner à nouveau dans cette aventure.

Du haut du Choungui, on peut voir presque toute l'île

Les deux jours qui suivirent, je maintenais cette consigne tant j’avais les jambes courbaturées et gourdes. Puis les courbatures se sont dissipées et je ne garde pour finir que le souvenir d’une grimpette incroyable et d’une vue magnifique sur Mayotte et son lagon. Une belle balade que je referais volontiers à l’occasion. Fatou, qui est plus stable dans ses jugements, se déclare satisfaite de son ascension, mais elle est fermement résolue à s’en tenir là.

samedi 4 juillet 2009

Maoré Jazz (2)


Après le tuba manyényé, voici maintenant la chorale du collège de M'gombani que vous pourrez entendre chanter Dzinala, une chanson de M'toro Chamou en cliquant ici. Ce n'est pas le morceau le plus jazz de leur répertoire, mais c'est le plus mahorais.



Je ne connais pas encore la version originale de cette chanson, mais cette version-ci, avec les tari est particulièrement réussie. Pour plus de renseignements sur M'toro Chamou, vous pouvez faire un tour sur son site officiel, mais celui-ci n'est pas à jour. On trouve facilement des choses plus récentes avec Google.