samedi 22 novembre 2008

Le gabous



C’est un voyage dans le voyage. C’est d’ailleurs lui-même un grand voyageur. Parti du Yémen, on le trouve partout où les navigateurs et les marchands arabes ont fait voile : le long de la côte africaine jusqu’à Zanzibar, aux Comores et à Madagascar ainsi qu’en Indonésie et en Malaisie.

Cela faisait quelque temps que j’avais un gabous en tête. J’en avais à peine touché un dans une sorte d’exposition d’instruments traditionnels. Puis un deuxième, injouable car appartenant à un gaucher qui l’avait accordé sens dessus dessous comme font certains gauchers. Puis un troisième qu’un musicien m’avait laissé essayer un soir de concert.

J’ai fini cependant par trouver le petit chemin qui monte raide dans la campagne et qui passe, l’air de rien, devant la cabane qui sert d’atelier à un musicien qui fabrique encore ces instruments qui, peu à peu, sortent des mémoires.

Au Yémen, on l’appelait qanbus (القنبوس). Pour les musicologues, c’est un luth monoxyle, c’est-à-dire que le manche et la caisse sont taillés dans une seule pièce de bois. Le manche, comme la caisse, est creusé. Il est recouvert d’une fine planchette qui sert de touche dépourvue de frettes, tandis que la caisse est fermée par une peau de chèvre qui tient lieu de table d'harmonie.



Celui que j’ai acheté est en manguier. Il est de facture sommaire mais efficace, ce qui est la norme aux Comores, alors que certains qanbus yéménites ou indonésiens peuvent être très richement travaillés. Il porte six cordes en fil à pêche, deux chœurs (cordes doubles) et deux cordes simples. Il est accordé, du grave vers l’aigu, de la façon suivante : Do-Fa-La-La-Do-Do. Il sonne de façon très agréable, comme tous les instruments à cordes doubles. La peau de chèvre doit y être aussi pour quelque chose.



Le mieux, c’est de l’écouter en cliquant ici. Vous pouvez également voir de nombreux exemples de cet instrument voyageur en téléchargeant ces deux fichiers pdf qui lui sont consacrés : http://inthegapbetween.free.fr/pierre/PORTFOLIO.pdf et http://inthegapbetween.free.fr/pierre/PORTFOLIO_part2.pdf

jeudi 20 novembre 2008

Résumé des épisodes précédents



Jour de grève. Pas la longue grève des instituteurs mahorais dont vous trouverez les enjeux bien mieux expliqués sur la Lettre de Malango que ce que je serais capable de faire. Non, juste un jour pour dire que, même du fin fond de l’océan indien, on regrette que ce soit les Américains qui aient choisi Obama.

Un jour de grève donc que je m’apprête à passer devant l’ordinateur à préparer ma classe. J’en profite pour rédiger un petit message et mettre en ligne une vidéo qui rame de façon inquiétante.

Il y a des nouvelles, mais j’en parlerai une autre fois, quand j’aurai eu le temps de traiter quelques photos et une vidéo que je n’ai pas encore filmée.

Tout ce que j’ai sous la main aujourd’hui, c’est un bout de film que j’ai réalisé avec d’anciennes photos. J’ai bricolé cette vidéo pour servir de décor animé à une pièce de théâtre que sont en train de monter des instituteurs en stage à l’IFM.

En ce moment, je travaille comme un forcené. Le stage théâtre à l’IFM avec ses montages vidéo et audio m’a fait me coucher deux jours de suite à deux heures du matin pour me lever à cinq heures. J’ai mangé le week-end à aider Fatou à tenir son stand sur un marché, bricolant la dernière bande son et gravant le dernier disque entre deux piles de basins merveilleusement teints à la main. Et, pour finir, la préparation de mes leçons d’histoire ou de sciences me jette de déconvenues en déconvenues. Tout ce que je croyais savoir en paléoanthropologie ou en phylogénétique me glisse entre les doigts avec un rire narquois.

Il n’y a plus d’invertébrés, c'est fini. Plus de reptiles non plus et le crocodile du Nil est plus proche du rossignol que du lézard vert à qui il ressemble pourtant bien davantage. Les pachydermes qui enthousiasmaient mes rêves d'enfant étaient une vue de l’esprit de même que les poissons qui en réalité englobent les groupes aussi distincts qu'inprononçables des myxinoïdes, des pétromyzontides, des chondrichtiens, des actinistiens, des dipneustes, des cladistiens, des chondrostéens, des ginglymodes, des halécomorphes et des téléostéens.

En étant logique et rigoureux, si l’on tenait à appeler « poissons » tous ces groupes, alors il faudrait appeler « poissons » les vipères à cornes, les élans du Cap et les fous de Bassan, pour ne citer que ces trois-là.

Chaque jour m’apporte son lot d’informations erronées à corriger et à reclasser dans ma pauvre cervelle fatiguée par de trop savantes lectures. Il n’y a pas cinq minutes, j’apprenais, incrédule, que le grand dauphin et la baleine à bosse que l’on voit à Mayotte sont à classer parmi les ongulés, au même titre que le chameau de Bactriane ou le zèbre de Grévy!

On comprend, devant de tels résultats, que le gouvernement rechigne à accorder des crédits aux chercheurs. D'autant que ce gouvernement semble aimer les choses simples, simples comme le tableau Rossignol où l'on voyait Charlemagne, lui-même illettré, mais ça, je l'ai appris plus tard, louant les bons élèves, placés à sa droite, et fustigeant les mauvais, à gauche bien entendu.

Ça y est, le temps de vous expliquer mon désarroi zoologique, kilo par kilo, la vidéo a fini par se mettre en ligne. C'est donc une sorte de résumé en images de trois mois de vie à Mayotte. On peut la voir en cliquant ici.

La musique qui l’accompagne est un morceau de Boura Mahiya, malheureusement décédé en 2003 dans un accident de voiture au carrefour Chirongui, alors que sa chanson la plus connue s'appelait justement Carrefour Chirongui. Voici une photo de lui, trouvée sur Internet dans un dossier pdf consacré au gabous, l'instrument dont il joue et dont je vous parlerai bientôt.


(Photo : Marc Mopty, 1998)

mardi 11 novembre 2008

Une belle innovation

Une lectrice de la Réunion, ayant appris qu'il y avait une grève des enseignants à Mayotte a pensé trouver plus amples renseignements sur mon blog. Hélas ! Le seul drapeau rouge qui y figurait était la banderole des supporters de Foudre 2000 de Dzoumogné, ce qui me valut un flot de remarques acerbes mais dont la justesse me fit néanmoins sourire.

Un autre lecteur, de Picardie cette fois-ci, s'est plaint de mon manque de ponctualité qui l'a privé, la semaine dernière, de sa lecture dominicale. J'étais en train de peiner sur un nouveau message quand j'ai reçu son mail impatient. C'est vrai que j'écris lentement et que je tape à deux doigts. Ensuite je me relis et cette relecture me plonge dans de profondes rêveries. C'est peut-être pour cela que j'écris, d'ailleurs, pour le plaisir de ces longues rêveries. Et puis il y a les photos à préparer pour qu'elles ne soit pas trop longues à charger, et bien sûr les vidéos! Aïe-aïe-aïe les vidéos, c'est là que l'on comprend ce que veut dire "la fracture numérique". Mettre en ligne des vidéos quand on n'a pas l'ADSL, cela tient du sacerdoce.

Enfin il y a le travail qui a repris. Un travail passionnant mais tentaculaire dont je vous parlerai peut-être quand je serai à nouveau en vacances. J'ai donc, pour l'instant, beaucoup moins de temps. J'ai même envisagé, presque sérieusement, d'écrire dans mon agenda : "Penser à aller se baigner."

Tout ceci m'a conduit à ajouter une belle innovation à ce blog. Vous avez maintenant sur la droite une liste de blogs ou de sites à visiter d'un clic, si vous voyez qu'il n'y a rien de nouveau ici. Vous y trouverez une foule de renseignements, d'images, d'anecdotes, d'informations et de points de vue divers concernant Mayotte.

dimanche 9 novembre 2008

Concert à Mtsanga Beach



Hier soir, concert à Mtsanga Beach. C’est un bel endroit que l’on peut louer pour toutes sortes de grandes occasions. Il y a un bar, une cuisine, un grand espace couvert pour les musiciens et une bonne partie du public, une belle plage et un grand parc dont la pelouse est taillée comme celle d’un golf, enfin, je l’imagine car je ne connais rien au golf. On peut y planter sa tente en prenant garde à ne pas s’installer sous un cocotier pour des raisons évidentes de sécurité.

Nous avons dormi là-bas car nous voulions entendre de nombreux groupes que nous ne connaissions pas encore. Nous nous étions acheté pour l’occasion une tente extrêmement prometteuse puisque le carton qui l’emballait portait en gros caractères cette curieuse mention: Erecting in a few seconds. En fait, c’était simplement un cordon sur lequel il fallait tirer pour voir la tente se déployer plus ou moins toute seule.


Le programme du concert était chargé et fluctuant jusqu’au dernier moment. Cela a duré de dix-huit heures trente jusque vers six heures du matin. Nous avons fait l’ouverture, Fatou, Jeh et moi sous le nom bambara de Tchiwara-denw, les enfants du Tchiwara. Je vous raconterai une autre fois la légende du Tchiwara. Notre prestation s’est plutôt bien déroulée, à une heure où il n’y avait pas grand monde, mais les gens qui étaient là étaient attentifs, notamment les enfants. Cela fait toujours plaisir.

Le son est souvent mauvais dans ce genre de concerts. Toujours trop fort côté public et pas assez, côté musiciens. Tout le monde le sait, mais personne ne semble faire grand chose pour y remédier.

Il y avait principalement du reggae car la soirée avait été organisée par un collectif de rastas. Il y avait aussi Lathéral, la figure emblématique du mgodro dont j’ai déjà parlé et dont voici une photo.



Les trois photos de ce message ont été prises pendant son concert. En haut, c'est Tcho, son joueur de gabous. En bas, c'est l'ambiance, côté spectateurs.
Ce coup-ci, j’ai filmé Lathéral. Pour voir ça, on clique ici.

Il y avait aussi une frénésie malgache endiablée qui a mis le feu au public du milieu de la nuit, suscitant chez les plus jeunes, les danses les plus effrontées qu’il me fut jamais donné de voir. Je me suis renseigné sur ce groupe qui n’était pas à l’affiche. C’était les musiciens malgaches de Daddy Happy, reggae man et principal organisateur de la soirée, qui faisaient du remplissage en attendant de régler un problème de sono.

-Et le chanteur, comment il s’appelle ?
-Oh, lui, c’est un des types qui ont livré la sono.

Ce type avait certainement un nom, et sans doute un nom connu dans le domaine de la frénésie malgache. Il chantait comme s’il disputait un match de catch à quatre à lui tout seul. Il semblait pourfendre des nuées de djinns qui l’assaillaient, comme elles assaillaient le public. C’était dantesque.

Pour Dante, c’est comme pour le golf, je n’ai, malheureusement, jamais lu, mais il me semble que j’imagine très bien. Cela doit ressembler, en plus moderne et en plus italien, à l’Espurgatoire Seint Patriz de Marie de France qui, je le vérifie à l’instant, est la principale source de la Divine Comédie.

Pour les djinns, je n’ai pas encore eu l’occasion de vous dire qu’ils sont très présents à Mayotte. On m’a rapporté qu’ils pouvaient vider d’un coup une classe ou même toute une école, les parents gardant les enfants à la maison jusqu’à ce qu’ils aient l’assurance que les djinns ont bien quitté les locaux scolaires. Les enfants craignent surtout un djinn à tête de vache, appelé Séranyombé qu’ils accusent de déplacer leurs cartables pendant la récréation.




Pour revenir au concert, il y avait encore un bon nombre de musiciens dont Éliasse que je n’avais jamais entendu, pas même en disque. Avec deux acolytes, ils formaient un trio : guitare, basse, percussions et trois voix finement et savamment travaillées. Cela sonnait merveilleusement bien. Malheureusement, eux ne l’entendaient pas dans leurs retours. Éliasse a demandé plusieurs fois qu’on monte ceci ou cela, puis, comme rien ne changeait, il nous a expliqué que ce n’était pas possible, que s’ils ne s’entendaient pas, ils ne pourraient rien faire de bon. Alors ils nous ont plantés là et ont quitté la scène, un peu fâchés, tout de même.

Je pense que cette attitude, qui peut paraître intransigeante, doit être ce qu’on appelle le professionnalisme, ou au moins s’y apparenter. Moi qui suis, de longue date, converti à l’esthétique des lettrés chinois, et qui cultive l’amateurisme et le détachement dans le domaine de l'art, j’ai chanté en me disant que le son était vilain, ce qui n’allait pas arranger ma voix de casserole. Côté public, j’en ai eu la confirmation ensuite, le son était effectivement vilain. Cependant l’énergie et la poésie passaient, c’est là l’essentiel, pour les lettrés chinois qui voient de l’énergie et de la poésie partout. Mais je comprends qu’il y a des musiciens pour qui l’essentiel est dans la qualité acoustique des sons produits et j’admets très bien la réaction d’Éliasse que j’espère pouvoir entendre dans de meilleures conditions bientôt car cela avait l’air vraiment intéressant.

samedi 1 novembre 2008

Mbiwi



Samedi dernier, nous sommes allés dans le Sud. On dit « aller dans le Sud » comme ci c’était une expédition. Par exemple, Il m’arrive de dire, en cherchant à fixer un rendez-vous : « Non, samedi, ce n’est pas possible, je vais dans le Sud. » Dès lors, mon interlocuteur comprend bien qu’il n’est effectivement pas envisageable de fixer un rendez-vous ce jour-là.

En fait, à vol d’oiseau, le Sud, c’est à trente kilomètres. J’imagine que par la route c’est deux fois plus long, ou peut-être un peu plus. Peu importe car en pratique, on ne compte pas en kilomètres mais en temps.

Depuis Dzoumogné, on met entre une heure et quart et une heure et demie pour aller tout au bout du Sud. On estime que cela n’est acceptable qu’à condition d’y passer la journée. C’est comme un petit voyage. De petites vacances d’un jour dans le Sud. Je suppose que pour les gens du Sud, c’est la même chose quand ils montent dans le Nord.

Nous sommes donc allés dans le Sud pour répéter avec Jeh. Voici une photo de la répétition.




Je ne connais pas grand-chose du Sud car pour l’instant nous n’y allons que pour répéter, à Kani-Kéli, juste à côté de la plage de Ngouja, la plus célèbre plage de l’île que nous n’avons toujours pas vue.
J’en parlerai donc une autre fois.

Aujourd’hui, ce qui m’intéresse, ce que je veux vous raconter, c’est ce que nous avons vu en rentrant à Dzoumogné peu après la tombée de la nuit.

Grands signes d’effervescence dès que nous franchissons le pont de poutrelles qui marque l’entrée du village. Des groupes de gens partout dans la rue, marchant entre les flaques ou plantés devant leurs portes. Des enfants et des jeunes qui courent. Nous passons devant le plateau sportif. Il y a de la musique. C’est vrai, on est samedi, jour de tintamarre. Cependant, aujourd’hui pas de sono tonitruante, on dirait qu’il y a un orchestre et des mbiwi.

Le temps de rentrer à la maison et de décharger les instruments, je redescends pour voir un peu ce qui se passe.

En fait, plusieurs événements se sont télescopés. Il y a ce soir sur le plateau un concours de mbiwi dont je vous parlerai dans un instant. Il semble y avoir eu autre chose dans la journée, du genre récompense officielle, mais je n’ai pas bien compris ce qu’on me racontait dans la cohue du plateau sportif.



Cependant, l’événement majeur qui met le village en liesse, c’est la victoire de Foudre 2000. Vous vous souvenez peut-être de la demi-finale, le jour de l’élection de Miss Mayotte. Eh bien là, c’est la finale ! Foudre 2000, c’est l’équipe de foot de Dzoumogné, je l’apprends à l’instant. Elle vient de remporter la finale régionale du championnat de division d’honneur territoriale en battant Passamaïnty sur le score de 1 à 0.



Avec le bonhomme qui m’explique ça, nous nous tapons dans les mains comme si c’était nous deux qui avions marqué le fameux but.

Nous sommes arrivés après la bataille. L’exaltation est maintenant sur la pente descendante. Le village est toujours animé, mais j’imagine ce que cela a pu être. Tout le village défilant dans la rue principale, à pied ou en voiture. Des cris des chants des klaxons.

Je n’ai jamais été un grand fan de football, mais là, j’ai bien envie de prendre ma carte au club des supporters de Dzoumogné et de me procurer leur maillot rouge avec Foudre 2000 dans le dos et sur le devant : Notre force c’est la solidarité !




J’ai tout d’abord cru que c’était le maillot d’une association à caractère social ou humanitaire ou quelque chose comme ça. Vous imaginez un hurluberlu devant le Stade de France demandant aux supporters, qu’il prend pour des philanthropes enthousiastes : «Qu’est-ce que c’est que ce maillot bleu que vous portez tous ?» Je doute qu'il rencontre autant de patience que j'en ai rencontré chez les supporters de Dzoumogné.

L’étape suivante pour le club, vainqueur de toute l’île, c’est une première rencontre avec une équipe de métropole. J’espère que cette rencontre se fera ici, au plus chaud et au plus moite de la saison des pluies. Non que je veuille faire perdre les métropolitains, mais j’imagine simplement la fête si Dzoumogné gagnait.

Ce jour-là, il y avait donc également un concours de mbiwi. Les mbiwi, c’est une composante majeure de l’âme mahoraise. C’est la première image sonore que l’on découvre quand on descend de l’avion. Ka-ta-ka-ta-ka, ka-ta-ka-ta-ka, ka-ta-ka-ta-ka…

Dans la lente procession des voyageurs attendant leur tour pour montrer patte blanche à la PAF (Police Aux Frontières), ou éventuellement patte noire et passeport étranger, mais alors là, c'est plus long et nettement moins débonnaire, on entendait ce rythme. On ne voyait rien. On entendait seulement Ka-ta-ka-ta-ka, ka-ta-ka-ta-ka... Cela pouvait être le son d'un tapis mécanique en fin de vie ou une manifestation musicale. Dans le doute et par esprit partisan, j'espérais la deuxième hypothèse. Effectivement à l'extérieur du bâtiment, après la PAF, le vrai tapis mécanique et la douane, il y avait, sous un dais, un groupe de femmes entrechoquant des paires de lames de bambou pour accueillir les nouveaux arrivants.



C’est cela, les mbiwi. Ce sont ces sortes de claves plates en bambou. Ce sont, à la fois, les claves et la danse qu’elles accompagnent.

On trouvera mentionné ici ou là que cette danse est exclusivement réservée aux femmes mariées. Mes élèves m’assurent cependant que cette restriction est passée de mode depuis bien longtemps. Toutefois, cela reste une danse féminine. Les deux ou trois hommes que j’ai vus s’y risquer avaient l’air un peu pompettes, pour employer un euphémisme.



Il existe à Mayotte des danses pour la tête, des danses pour les mains ou pour le buste. Les mbiwi sont une danse pour les fesses. Les mêmes élèves, à qui je demandais les critères qu’utilisait le jury pour départager les participantes, m’ont déclaré que si le jury était masculin, il ne tenait compte que des mouvements des fesses. (Quel sexe pervers et lamentable nous formons.) Si le jury est féminin, il peut tenir compte d’autres éléments tels que la beauté des vêtements, la grâce des attitudes corporelles et mille autres choses inaccessibles à la balourdise masculine.



On peut voir un extrait de ce concours de mbiwi sur fond de victoire sportive en cliquant ici.