mercredi 5 octobre 2011

Little Wing

Le Mont Choungui dans la brume

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Encore une fois bien du temps s’est écoulé depuis le dernier message. Nous sommes allés en métropole où j’ai promené deux gaboussi. Nous avons revu famille et amis, sans compter les musées et Internet qui me faisait rire comme un enfant tellement cela marchait bien. Puis retour à Mayotte qui attrape un coup de sang à cause du prix des mabawa (ailes de poulets) et bien d’autres choses plus ou moins dites qui ruminent dans l’ombre.

C’est notre dernière année ici. Je m’applique à terminer les chantiers que j’ai commencés. Notamment trois films sur la fabrication d’instruments de musique mahorais. Il m’est alors venu l’idée que rien ne valait un plan aérien pour situer le décor et que c’était rendre justice à ces instruments, aux hommes et à la terre qui les ont patiemment mûris que de les présenter d’une certaine hauteur, de les éclairer d’un rais de lumière traversant les nuées.

Je suis donc allé voir les Passagers du Vent à Pamandzi, en me levant fort tôt pour éviter d’éventuels barrages de manifestants, et pour être sûr de trouver une barge, et je me suis envolé sur une frêle machine pour filmer d’en haut cette île que j’ai tant parcourue.

C’est beau. Incontestablement beau. Bien plus beau que les images assez floues que j’en rapporte toutes nimbées d’une brume diffuse.

Mais au-delà de la beauté plastique, il y avait aussi le plaisir de pouvoir nommer chaque village, de survoler la maison d’Untel, la plage de Tanaraki où je joue du gaboussi avec Anibali, mon ancienne école de Mtsamboro, l’atelier de Colo Hassani sur les hauteurs de Chiconi et celui de Soundi au foyer des jeunes de Chirongui…

Et le plaisir de voler bien sûr. Un plaisir ambigu car Icare n’est jamais bien loin pour peu qu’on s’intéresse à la mythologie.


La pointe Sazilé

À peine revenu sur terre, j’ai pris des bribes de ces images pour en faire un petit bout de film. Pour la musique, il me fallait quelque chose de grand, de fragile et de pathétique comme le sont les destinées humaines. J’ai choisi cette version de Little Wing de Jimi Hendrix (grand, fragile et pathétique), interprétée par mon frère Pierre qui est un bon pilote d’ULM.

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