mardi 22 décembre 2009

Un timbre mahorais


Il n’y en a que pour les musiciens et pour les mélomanes dans ce blog. Et les philatélistes ! Pourrait-on s’écrier justement. C’est vrai que pris par toutes sortes d’affaires, je les oublie assez facilement. Pourtant, j’ai moi-même collectionné quelques timbres quand j’étais enfant. J’avais une série assez héroïque représentant des blasons, si je me souviens bien, qui me plongeait dans un univers de chevalerie. Mais, j’avais surtout un timbre de Haute-Volta. Je ne sais pas comment il m’était tombé dans les mains. C’était le fleuron de ma maigre collection. Il ne payait pourtant pas de mine. On n’y voyait qu’un homme de Haute-Volta, un rude gaillard, torse nu et l’air assez farouche avec une drôle de coupe de cheveux.

J’avais déjà été sensibilisé par les cauris de la statuette africaine de ma marraine. Je pense que ce timbre constituait le deuxième pas sur le long et périlleux chemin de ma lente africanisation.

J’ai acheté le timbre mahorais ci-dessus sur un marché de Noël. Fatou tenait son stand de tissus africains, et moi je lui tenais compagnie en jouant du gaboussi. J’ai fait de grands progrès au gaboussi, au balafon et au djembé en tenant compagnie à Fatou sur les marchés. J’ai aussi rencontré pas mal de musiciens ou de mélomanes intéressés par mes instruments.

J’étais donc sur ce marché de Noël, pas très loin du stand de la Poste. La Poste à Mayotte, il y aurait beaucoup à en dire, mais je préfère éviter, comme j’évite d’y aller. On peut pourtant y faire des rencontres agréables car on a vraiment le temps d’y discuter avec une foule d’usagers qui prennent leur mal en patience avec une profonde philosophie et un grand sens pratique.

J’étais donc à côté du stand de la Poste quand la postière qui avait déjà essayé de me vendre toutes sortes d’enveloppes et de colis prépayés me fait un petit signe de la main, comme les vendeuses à la sauvette du métro Château-Rouge qui semblent cacher de la cocaïne sous leur manteau quand elles ne vous proposent que d’innocents safou dont la saveur aigrelette, une fois qu’on les a fait bouillir, est une fête pour le palais. Elles le font sous le manteau car on les pourchasse et on serait tout à fait prêt à les reconduire à la frontière pour cette intolérable atteinte à l’ordre public. Qu’est-ce qu’on est devenu ? Un jour, avec cette paranoïa xénophobe, j’ai bien failli me mettre en difficulté avec un vendeur de cocaïne que j’avais pris pour un marchand de safou.

Et la postière dans tout ça ? Avec des airs mystérieux, elle m’avait attiré pour me montrer ce timbre. J’étais ferré. Celui-là, il fallait que je l’achète. Elle le savait, un Mzoungou qui joue du gaboussi, même s’il n’envoie que des mails, un timbre pareil, il ne peut pas ne pas l’acheter. Bien vu.

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