samedi 8 août 2009

Un peu de chinois

Hier, je suis allé à la plage de Mbwanatsa. C'est une très belle plage de sable blanc. Je vous parlerai un de ces jours des différentes couleurs de sable.

J'étais donc sur la plage de Mbwanatsa au plus chaud de la journée, à l'ombre d'un grand arbre. La plage était entièrement déserte. Juste trois barques de pêcheurs amarrées dans le lagon turquoise. Une vraie carte postale. Me souvenant sans doute de tranches de vies antérieures, je me suis mis à écrire du bout du doigt sur le sable quelques mots en chinois vantant la beauté simple du paysage dans un style décousu et dépouillé particulièrement poétique. C'est en fait le seul style qui me soit accessible après des années de sommeil sinologique. Cela faisait peut-être dix ans que je n'avais pas écrit en chinois sur le sable, mais l'image était trop belle. Le réflexe ancien s'est réactivé tout seul.

Apparemment, il n'y a pas de Chinois à Mayotte. Il y a des Indiens qui tiennent quelques commerces, mais pas de Chinois. J'avais emporté cependant quelques bouquins, pour le cas où l'envie m'aurait pris de dépoussiérer un peu ce monde endormi.

La connaissance que j'ai de la langue de Lao Tseu date d'avant Internet. Quand j'étais allé à Pékin en 1999, je voyais partout sur les murs le caractère 网 (wang) que je connaissais dans le sens de "filet". Toute les boutiques semblaient vendre des filets. Pékin n'est pourtant pas un port de pêche. J'ai mis quelques jours à comprendre qu'il s'agissait de cybercafés. C'est vrai qu'ils n'en avaient pas l'air. C'est un peu la même chose ici, en beaucoup plus modeste. Le premier mail que j'ai envoyé de Mayotte est parti d'une petite boutique de vêtements qui propose deux ou trois PC entre les cintres.

Je parle donc un vieux chinois, pas branché pour deux sous. Je n'avais, par exemple, pas la moindre idée de comment on pouvait dire "un blog" en chinois. Après avoir gribouillé sur le sable et avoir attendu que la mer efface le dernier caractère, j'ai pensé utiliser les outils linguistiques de Google pour trouver la traduction de "blog" en chinois. Super! ça marche très bien. J'apprends que cela se dit 博客 (boke).

Alors je me mets à écrire un petit texte évoquant l'éventualité de tenir un blog en chinois. C'est tout de même vraiment beau les vacances. Voici le texte en question :

我想寫一個中文博客可是我不知道這個主意有意思沒有。對我學習漢語的人,寫這種博客一定有意思得不得了! 可是關於時間的問題這也是一個很不得了的事!

Et voici sa traduction. C'est du moins ce que je pense avoir écrit.

Je voudrais écrire un blog en chinois, mais je ne sais pas si c'est une bonne idée. Pour moi qui apprends le chinois, c'est sûr qu'écrire un blog de ce genre, c'est très intéressant! Mais en ce qui concerne la question du temps, c'est une autre affaire!

Ensuite, j'ai voulu voir ce que donnait la traduction automatique de Google. C'est alors que j'ai enfin compris d'où sortaient ces notices d'appareils électroménagers qui me laissent à chaque fois sans voix. Je me demande toujours où ils trouvent leurs traducteurs et comment ceux-ci font pour mettre une telle poésie inconsciente dans leurs traductions. Maintenant je sais. Voici cette traduction qui aurait certainement enthousiasmé Queneau :

Je voulais écrire un blog en langue chinoise, mais je ne sais pas si cette idée n'est pas intéressante. Certes, pour moi d'apprendre la langue chinoise, l'écriture de ce blog une très, très intéressant! Mais sur une question de temps C'est une chose a!

Ah, si Queneau avait connu Google, que n'aurait-il pas écrit. Je note tout de même la prouesse technique que cela représente. C'est encore rudimentaire et plein d'effets de style inattendus, j'aime surtout le "C'est une chose a!", mais c'est tout de même incroyable d'arriver à faire cela.

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