jeudi 22 janvier 2009

Le Tombant


Mayotte est entourée d’une double barrière de corail. La barrière extérieure délimite le lagon qui est très grand, un des plus grands du monde, pour une île très petite. Cette barrière est donc souvent assez loin. Ceux qui vont plonger là-bas y vont en bateau.

Le problème avec cette barrière extérieure c’est qu’elle est le dernier rempart avant un océan que j’imagine plein de requins. J’évite de parler de requins ici, car cela prête à sourire. C’est bien connu, il n’y a pas de requins à Mayotte. Cependant le mois dernier un plongeur s’est fait mordre par un de ces vilains squales dont il a réussi à se dépêtrer en lui donnant quelques vigoureux coups de pieds palmés. Cela s’est passé juste à l’extérieur de cette deuxième barrière.



On comprendra donc que je ne m’aventure pas trop au-delà de la première barrière. C’est celle-ci qu’on appelle le tombant. En général, les plages ici descendent en pentes douces et le lagon est peu profond jusqu'à cent ou deux cents mètres de la plage. Cette zone sablonneuse est tapissée d’herbes clairsemées que viennent paître les tortues. Ce sont de grosses tortues marines qui nagent avec une grâce aérienne. On les voit glisser lentement sans le moindre à-coup et virer en s’inclinant comme font les avions.




En s’éloignant du rivage, on découvre ici ou là les premières patates. Ce sont des massifs de corail isolés dans les creux desquels nichent des oursins aux longs piquants que je sais maintenant être légèrement venimeux.




Il faut encore continuer à nager… nager… nager droit devant soi. Peu à peu les blocs de coraux isolés se font plus denses pour ne plus former qu’un large tapis de corail. Et puis d’un coup, c’est le tombant. Une falaise de corail qui plonge vers des fonds plus obscurs. Une falaise faite de plis et de replis ou se cachent d’innombrables poissons.


Merveille, on est sur le tombant. D’un côté c’est un abîme sombre, de l’autre une mystérieuse forêt minérale. Il n’y a plus rien à faire qu’à se laisser porter par l’eau et laisser ses yeux s’emplir de trésors qui éveillent des échos lointains tout au fond de l’âme.

Je veux bien croire que la vie est apparue dans la mer mais cela a dû se faire pas trop loin du rivage, au pied d’un volcan, à l’endroit magique où poussent les coraux.


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