jeudi 20 novembre 2008

Résumé des épisodes précédents



Jour de grève. Pas la longue grève des instituteurs mahorais dont vous trouverez les enjeux bien mieux expliqués sur la Lettre de Malango que ce que je serais capable de faire. Non, juste un jour pour dire que, même du fin fond de l’océan indien, on regrette que ce soit les Américains qui aient choisi Obama.

Un jour de grève donc que je m’apprête à passer devant l’ordinateur à préparer ma classe. J’en profite pour rédiger un petit message et mettre en ligne une vidéo qui rame de façon inquiétante.

Il y a des nouvelles, mais j’en parlerai une autre fois, quand j’aurai eu le temps de traiter quelques photos et une vidéo que je n’ai pas encore filmée.

Tout ce que j’ai sous la main aujourd’hui, c’est un bout de film que j’ai réalisé avec d’anciennes photos. J’ai bricolé cette vidéo pour servir de décor animé à une pièce de théâtre que sont en train de monter des instituteurs en stage à l’IFM.

En ce moment, je travaille comme un forcené. Le stage théâtre à l’IFM avec ses montages vidéo et audio m’a fait me coucher deux jours de suite à deux heures du matin pour me lever à cinq heures. J’ai mangé le week-end à aider Fatou à tenir son stand sur un marché, bricolant la dernière bande son et gravant le dernier disque entre deux piles de basins merveilleusement teints à la main. Et, pour finir, la préparation de mes leçons d’histoire ou de sciences me jette de déconvenues en déconvenues. Tout ce que je croyais savoir en paléoanthropologie ou en phylogénétique me glisse entre les doigts avec un rire narquois.

Il n’y a plus d’invertébrés, c'est fini. Plus de reptiles non plus et le crocodile du Nil est plus proche du rossignol que du lézard vert à qui il ressemble pourtant bien davantage. Les pachydermes qui enthousiasmaient mes rêves d'enfant étaient une vue de l’esprit de même que les poissons qui en réalité englobent les groupes aussi distincts qu'inprononçables des myxinoïdes, des pétromyzontides, des chondrichtiens, des actinistiens, des dipneustes, des cladistiens, des chondrostéens, des ginglymodes, des halécomorphes et des téléostéens.

En étant logique et rigoureux, si l’on tenait à appeler « poissons » tous ces groupes, alors il faudrait appeler « poissons » les vipères à cornes, les élans du Cap et les fous de Bassan, pour ne citer que ces trois-là.

Chaque jour m’apporte son lot d’informations erronées à corriger et à reclasser dans ma pauvre cervelle fatiguée par de trop savantes lectures. Il n’y a pas cinq minutes, j’apprenais, incrédule, que le grand dauphin et la baleine à bosse que l’on voit à Mayotte sont à classer parmi les ongulés, au même titre que le chameau de Bactriane ou le zèbre de Grévy!

On comprend, devant de tels résultats, que le gouvernement rechigne à accorder des crédits aux chercheurs. D'autant que ce gouvernement semble aimer les choses simples, simples comme le tableau Rossignol où l'on voyait Charlemagne, lui-même illettré, mais ça, je l'ai appris plus tard, louant les bons élèves, placés à sa droite, et fustigeant les mauvais, à gauche bien entendu.

Ça y est, le temps de vous expliquer mon désarroi zoologique, kilo par kilo, la vidéo a fini par se mettre en ligne. C'est donc une sorte de résumé en images de trois mois de vie à Mayotte. On peut la voir en cliquant ici.

La musique qui l’accompagne est un morceau de Boura Mahiya, malheureusement décédé en 2003 dans un accident de voiture au carrefour Chirongui, alors que sa chanson la plus connue s'appelait justement Carrefour Chirongui. Voici une photo de lui, trouvée sur Internet dans un dossier pdf consacré au gabous, l'instrument dont il joue et dont je vous parlerai bientôt.


(Photo : Marc Mopty, 1998)

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