dimanche 12 septembre 2010
La Case Robinson
Grande marée d’équinoxe. Le lagon qui est souvent si calme prend un air d’océan. C’est la nuit. Une cabane en planches et palmes tressées. Une petite varangue et sa rambarde en bambou. Deux fauteuils de bois face à la mer. Juste devant nous, le croissant de la lune, couché sur le dos. Juste en dessous, Vénus. Et puis des nuages qui passent et repassent pour animer tout ça. Des ombres noires qui cachent ou dévoilent la lune. De la mer, on ne voit que quelques remous, l’écume et le miroitement laiteux de la lune. On entend les vagues se fracasser dans l’obscurité à quelques pas de la cabane. Toute la nuit nous aurons ce vacarme apaisant.
Au petit matin, je sors jouer du gaboussi sur ce balcon de planches. La mer est toujours au même endroit, on dirait qu’il n’y a pas eu de marée basse. Tout le monde dort. Les notes aigrelettes du gaboussi sont vite noyées dans le vent et les flots. Petit-déjeuner sympathique. Bain du matin. Douche pour se rincer. Douche à l’eau froide, c’est la Case Robinson, c’est pas un quatre étoile. De toute façon l’eau n’est jamais réellement froide ici.
Quand la mer commence à baisser, je m’installe sur le sable avec mes crayons. Cela fait trois semaines que j’ai repris le travail et je n’ai pas encore eu le temps de les retoucher ces crayons. Je dessine la plage.
La veille, quand j’étais entré dans l’eau, une centaine de poissons volants avaient bondi tout autour de moi. Plus tard, j’avais pris le temps de regarder un gros soleil rouge s’enfoncer dans la mer. C’était au beau milieu d’une conversation avec des amies rencontrées par hasard. Nous nous étions tus pendant ce naufrage rituel. Puis nous avions repris notre conversation, et nous nous étions dit au revoir car la nuit tombe vite sous ces latitudes.
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