vendredi 20 novembre 2009

L'origine du Gaboussi

Jaquette du CD Le Chant de Sanaa
La photo est un gros plan sur le cheviller très ouvragé d'un qanbus

Je savais que le gaboussi de Mayotte était originaire du Yémen, qu’il était le descendant mahorais du qanbus yéménite, mais je n’avais pas encore entendu comment les Yéménites faisaient sonner ce qanbus. Vous imaginez comme cela pouvait me démanger les oreilles.

Enfin, tout ceci est du passé car j’ai réussi à me procurer un disque intitulé « Le Chant de Sanaa » (OCORA Radio France, référence C 560173) qui permet d’entendre la façon de jouer de cet instrument au Yémen. C’est un fort beau disque consacré à une musique qui a bien failli se perdre car le qanbus était devenu introuvable au Yémen où, comme partout de Zanzibar à la Malaisie, il a été supplanté par le oud, le luth arabe piriforme.

Il semble que les Comores (incluant Mayotte) et Madagascar soient les derniers endroits où l’on pratique ce type d’instrument dans l'Océan Indien occidental. Dans la partie orientale de l'Océan Indien, en Indonésie et en Malésie, on trouve encore des qanbus, appelés là-bas gambus melayu. Ils sont concurencés par des instruments du type oud, mais on les signale toujours à Johor, à Bornéo et à Sumatra.

Carte d'indonésie google-images

Dans la partie nord du Kalimantan, et même au Timor, il existe un genre musical appelé tingkilan qui utilise un quatuor de gambus melayu associé à d'autres instruments comme vous pouvez le voir sur ces petites photos qu'un lecteur attentif m'a communiquées.

Orchestre de tingkilan (Indonésie)

Orchestre de tingkilan (Indonésie)


Pour revenir à notre disque, on y entend Hasan al Ajami au qanbus et au chant. Il s’agit de belles et savantes chansons d’amour, un amour courtois impossible pour une femme aux yeux de gazelle. On entend également Mohammed al Khamisi qui l’accompagne en pianotant sur un plateau de cuivre.

Comme on pouvait s'en douter, les mélodies et la technique de jeu sont beaucoup plus orientales. Autre grande différence, le qanbus est accordé beaucoup plus bas que le gaboussi qui est assez aigu et délicieusement aigrelet.

J’ai réalisé une petite animation vidéo qui montre le chemin parcouru par le qanbus, du Yémen jusqu’à Mayotte (et en Indonésie). Sur cette vidéo, on entend un extrait d’un passage instrumental de ce disque. Vous pouvez voir et écouter ceci sur You Tube. Si cela vous donne envie d’acheter le disque, gardez le ticket de caisse, cela pourrait peut-être me servir à argumenter avec OCORA, s’ils devaient mal prendre cette innocente initiative. Le monde est devenu tellement procédurier.

Le long voyage
du gaboussi

Vendredi 27 novembre. Vous pouvez jetez les tickets de caisse ! J'ai obtenu l'accord très aimable d'OCORA pour publier la vidéo. Cela fait plaisir de rencontrer des gens normaux. Ils ne m'ont pas demandé de photocopie de ma carte d'identité ni de certificat de nationalité. C'est assez rare pour être noté. Et en plus, ils m'ont répondu dans la journée alors que le site où l'on remplit en ligne une demande de renouvellement de sa carte d'identité, quand on a eu le mauvais goût de naître dans un ancien département français, est inaccessible à chaque fois que je m'y connecte depuis le mois de juillet. Quand on veut faire du chiffre, il n'y a pas de petits profits.

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