lundi 13 avril 2009

Out of Africa

Je viens de finir La ferme africaine de Karen Blixen. J'avais ce livre depuis de nombreuses années, peut-être vingt ans, mais je ne l'avais encore jamais lu, pas même ouvert.

J'avais aimé Out of Africa, le film que Sidney Pollack en avait tiré, avec Meryl Streep et Robert Redford. Je savais le film assez librement adapté du récit autobiographique et je craignais une confrontation douloureuse. J'ai néanmoins emporté le bouquin à Mayotte avec tout mon rayon africain, le seul rayon que j'aie déménagé en entier.


L'histoire d'amour qui est au centre du film n'est pas évoquée dans le livre.
On la devine simplement.

J'ai malheureusement, ici, peu de temps pour les lectures gratuites. Je l'ai donc lu par petites fractions. Je l'ai siroté chaque fois que je le pouvais. Je l'avais à portée de main pendant trois ou quatre mois et je l'ai grignoté sans me presser. C'est un des rares plaisirs que j'ai pu m'accorder sans courir.

Le livre se prête à ce mode de lecture. Les chapitres sont courts et relativement indépendants les uns des autres. Il y a un fil chronologique le long duquel on découvre des tranches de vie, des paysages fascinants hantés par une faune mystérieuse, aussi bien animale qu'humaine. On y croise des peuples à la dérive, des aventuriers de passage et toutes sortes de personnages poursuivant toutes sortes de mirages. Un des thèmes récurrents est la rencontre des mondes noirs et blancs.

C'est merveilleusement écrit. Si merveilleusement que lorsque Hemingway reçut le prix Nobel, il déclara qu'il regrettait qu'on ne l'ait pas plutôt attribué à Karen Blixen. Voilà une honnêteté rare et digne d'être notée.

Karen Blixen, qui devait être elle-même un sacré personnage, écrit de belle choses, parfois lyriques, souvent poétiques. Elle a un sens très aigu de la relativité des points de vue, ce qui n'est pas donné à tout le monde, surtout dans un contexte colonial. Je vous dis tout cela juste pour que vous puissiez situer cette citation que je trouve lumineuse, pour ne pas dire prophétique :

Nous n'aurons peut-être pas de plus grand souci que de nous exercer sur un tam-tam (...)

Elle dit ceci, en parlant des européens, dans un passage dans lequel elle parle des conséquences du télescopage des cultures qui amène les Africains à assimiler la culture occidentale tandis que les occidentaux mesurent ce qu'ils ont perdu pour atteindre leur modernité.

Nous n'aurons peut-être pas de plus grand souci que de nous exercer sur un tam-tam (...)

Elle ne jouait pas de tam-tam mais elle pressentait, en 1937, le prochain et salutaire déferlement des tam-tam sur le monde occidental.

En cliquant ici, vous verrez qu'il peut être utile de s'exercer sur un tam-tam, surtout si l'on essaie de ne pas trop en faire un souci.

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