dimanche 8 mars 2009

Le Kantsa


Beaucoup de choses intéressantes en ce moment. Mbiwi, fête africaine, rencontre de musiciens... et toujours ce travail de fou qui donne à chacune de mes périodes de vacances des airs d'université d'été. À quoi il faut ajouter, beaucoup moins passionnant, encore que cela pourrait l'être si j'avais le temps d'en faire un sujet d'étude, tout un tas de papiers administratifs à traiter qui s'amoncellent sous mon bureau vu qu'il n'y a plus de place dessus, à tel point que j'ai grand peine à déplacer ma souris.

J'ai aussi commencé à graver sur DVD quelques belles tranches de musiques et de danses traditionnelles mahoraises que je destine à mes stagiaires de l'IFM comme à mes petits élèves de Mtsamboro. Pour les mêmes stagiaires, j'ai passé quelques jours à rassembler sept mois de notes et de photos afin de composer un dossier sur les instruments traditionnels mahorais qui, peu à peu, glissent hors des mémoires.

J'ai donc peu de temps pour ce blog qui est pourtant une saine pratique qui me permet de prendre du recul et d'observer avec curiosité ma vie de l'extérieur. C'est, nous disent les disciples du Bouddha, excellent pour cultiver le détachement, ce qui est très utile quand on est naturellement enthousiaste et facilement exalté.

Peu de temps donc, si bien que je puise dans mes réserve, en l'occurence mon mémoire sur les instruments mahorais, et vous offre cet article consacré au kantsa que j'avais de toute façon envie d'écrire pour vous depuis que j'ai fabriqué l'instrument qui est sur la photo ci-dessus. Pour le fabriquer je me suis livré à une pratique condamnable relevant de l'espionnage industriel, mais que j'ai mise au service de la noble cause de la musicologie comparée. Lors d'un fameux concert d'un groupe malgache, en décembre à Tsingoni, j'ai pris en gros plan, avec l'accord du musicien qui m'a regardé comme je regarderais un martien, quelques photos de cet instrument afin d'en faire une copie aussi exacte que possible. J'ai juste mis de la ficelle à la place du fil de fer parce que je n'avais de fil du bon diamètre et que celui dont je disposais se rompait dès que je serrais un peu.

Voici donc un extrait de ce à quoi je passe mes vacances :

"C’est un hochet que l’on trouve dans tous les orchestres malgaches. Il est constitué d’une boîte de conserve dont le haut est soigneusement aplati pour pouvoir être inséré dans un bâton fendu qui sert de manche. La boîte contient de petits cailloux qui viennent heurter la paroi métallique lorsqu’on secoue l’instrument. C’est un instrument très sonore dont le rythme de base inspire les batteurs mahorais. On tient le manche à l’horizontale, de la main droite si l’on est droitier, la boîte vers le haut. En abaissant la main, on frappe une cuisse avec le dessous du manche. La main gauche vient frapper le dessus du manche lorsque l’instrument remonte. Cette technique permet un jeu très fin d’accents et de dessins rythmiques sur un simple mouvement d’aller-retour.

À Mayotte on rencontre le plus souvent une forme éphémère réalisée avec une canette de bière plus ou moins écrasée et dépourvue de manche. Le son est moins puissant qu’avec une boîte de conserve, mais la technique de jeu est la même.

On trouvera une démonstration en vidéo de cette technique ainsi qu’une autre vidéo montrant l’association kantsa / marovany dans le cadre d’un rituel magico-religieux malgache à l'adresse suivante:"


Plutôt que vous donner l'adresse, je vous y envoie directement si vous cliquez ici.

Il faut chercher tout en bas de la page.

Dans la photo ci-dessous, on voit, en action, le kantsa qui m'a servi de modèle.

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