mercredi 16 septembre 2009
Pouce, masque et brique mahoraise
Hier, j’ai participé à un atelier d’écriture. Il s’agissait de nous entraîner à gérer un tel atelier destiné aux stagiaires de l’IFM. À un moment, le collègue qui animait la séance nous a proposé d’écrire, sans réfléchir ni nous arrêter, tout ce qui nous passait par la tête jusqu’à ce que lui-même mette un terme à l’exercice. Nous ne savions pas combien de temps cela allait durer. Il fallait juste écrire, écrire, écrire… quitte à dire qu’on ne savait plus quoi écrire, quitte à tourner en rond, quitte à se répéter… Surtout ne pas s’arrêter.
Puis il nous a dicté les premiers mots :
"Le pouce de la main avec laquelle je n’écris pas… "
Et là, il nous a dit de continuer. J’ai regardé ce pouce et j’ai pensé que j’avais là le prochain message pour ce blog qui végète un peu depuis la rentrée. C’était aussi rendre justice à ce pouce que de raconter son histoire, à toute vitesse, avant que le collègue ne m’arrête. Voici donc ce que j’ai écrit :
"Le pouce de la main avec laquelle je n’écris pas m’a servi, il y a quelque temps, il y a en fait près de deux mois à tenir un clou tandis qu’avec l’autre main, celle avec laquelle j’écris en ce moment, je tenais un marteau trop petit pour la tâche que je m’étais proposée.
Il s’agissait de planter un clou à béton entre deux briques mahoraises du grand mur de notre escalier afin d’y accrocher un masque africain. Je plante toujours les clous dans les joints entre les briques car celles-ci sont trop friables et se brisent au moindre choc. Mon pouce, lui, a tenu le coup. Il ne s ‘est pas brisé, mais il s’en est peut-être fallu de peu.
Le marteau, comme je l’ai dit, était trop petit. J’avais avec un grand sourire de soulagement laissé tous mes outils en métropole. Je m’imaginais peut-être qu’à Mayotte je serais libéré des contraintes de la vie matérielle et n’avais donc emporté que ce petit marteau et une visseuse toute neuve.
Un marteau, donc, trop petit et un clou qui ne voulait pas s’enfoncer. Il a bien fallu que je cogne avec une vigueur croissante jusqu’à ce que, par manque de concentration, je finisse par taper sur ce pouce plutôt que sur le clou. Je crois que je n’ai pas juré. Cela me paraît improbable, pourtant, il me semble bien ne pas avoir juré. J’avais, bien entendu, très mal au pouce. L’ongle était en place, mais ces choses-là évoluent souvent de façon déplorable. J’ai tout de même poussé un cri de douleur, ça y est, je m’en souviens, mais rien de plus.
J’ai posé le marteau et suis allé placer le pouce en question sous le robinet de la cuisine. J’ai laissé couler l’eau froide dessus en visualisant toutes sortes d’images apaisantes tout en me récitant le roi des mantras, le Aum, Aum, Aum… que j’utilise volontiers en guise de cachet d’aspirine. Je dois dire que cela marche plutôt bien. J’ai même un jour étonné un dentiste par ma capacité à endurer patiemment ses efforts infructueux. Cela n’a pas toujours été le cas, c’est une technique que j’ai apprise. Quand la douleur s’est calmée, après m’être promis d’acheter au plus vite de l’arnica, j’ai fini d’enfoncer le clou d’une seule main et j’ai accroché le masque africain. Il fait très beau dans l’escalier."
Tout ceci est un peu rapidement écrit, mais cela me donne l'occasion de vous montrer quelques photos de masques sur fond de briques mahoraises, ces briques qui font le désespoir des bricoleurs mais qui sont d'un aspect bien sympathique.
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