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Cela faisait des mois que je voulais filmer Ahamadi Gougou en solo ou en petit groupe acoustique. Ahamadi Gougou, c'est un joueur de gaboussi, et aussi de dzendzé. Comme Del, et comme Jimmy, c’est un neveu de Colo Hassani. Je ne le connais pas bien, mais je le croise de temps à autre, toujours avec plaisir car son jeu de gaboussi me plaît beaucoup. Del, que je vois plus souvent, m’avait dit qu'il répétait avec lui et Colo Hassani. Il m'avait indiqué le quartier à flanc de colline où était leur local de répétition. Pour plus de détails, le mieux était de demander sur place.
Arrivé donc sur place, je me renseigne auprès de types qui préparent un voulé devant leur banga. Le voulé, c’est la version mahoraise du barbecue entre amis, et un banga, c’est une cabane de célibataire. Les types sont plutôt étonnés de me voir là, et vaguement réprobateurs. Ils ne me regardent pas vraiment de travers, mais franchement, à leurs yeux, avec ma tête de fonctionnaire de l’État, il est clair que je dois me tromper et qu’il n’y a certainement rien pour moi ici. Cependant, quand je leur parle de Del et d’Ahamadi Gougou, Ils me font un grand sourire et me disent que c’est bien là, un peu en contrebas, dans une maison en construction dont le destin semble être de rester à l’état de projet encore un bon bout de temps. Ils me disent que pour l’instant il n’y a que le fundi. Le fundi, c’est Zama Colo (Tonton Colo), c’est-à-dire Colo Hassani, dit encore Kolosan. Ils ont dû voir dans mon regard un éclair de mélomanie joyeuse car ils me souhaitent un bon après-midi en me recommandant de faire attention dans la descente. Le chemin en terre, plus ou moins taillé en forme d’escalier, est très glissant. Nous sommes en pleine saison des pluies, entre deux averses.
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La saison des pluies n’est pourtant pas bien vaillante cette année. Alors qu’en cette période, il tombe normalement une ou deux trombes quotidiennes, en ce moment, il peut passer plusieurs jours sans pleuvoir et les réserves d’eau baissent. Mais là, depuis une bonne semaine, nous subissons de loin les effets d’un cyclone qui tourne dans le Canal du Mozambique et cause de gros dégâts à Madagascar. Nous avons eu droit à de très fortes pluies. En garant la voiture le long de cette petite route très pentue, j’ai essayé d’imaginer diverses possibilités, coulée de boue, affaissement ou glissement de terrain, avant de choisir l’emplacement le plus raisonnable.
Je descends donc le raidillon en m’appuyant aussi dignement que possible sur mon parapluie qui me sert de canne.
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Le local de répétition, c’est le soubassement d’une maison en chantier. Quelques chaises, une table basse, une prise de courant pour brancher un petit ampli pour le dzendzé mais, ce jour-là, pas de lumière électrique. Quand il faudra fermer la porte pour se protéger de la pluie battante, je filmerai à la bougie, comme Stanley Kubrick dans les scènes d’intérieur de Barry Lyndon. À part que Kubrick utilisait des milliers de bougies, tandis que moi, je n’en ai qu’une seule. Il en a résulté ces petits films que je vous présente ici et dont j’avoue que je suis assez content. Ils montrent bien l’ambiance de la saison des pluies et l’incroyable optimisme de l’être humain que rien n’arrête dans son désir d'illuminer sa vie en jouant avec des sons savament organisés.
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